Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 17.djvu/219

Cette page a été validée par deux contributeurs.
194
Voyage

Mais cela me paroît assez honnête, dit la favorite de Plutus, en jettant pour la première fois un regard froid sur nous.

Elle fut interrompue par une femme, qui vint se présenter d’un air humble & modeste : son mari venoit d’être révoqué, (je n’en sais pas la raison) ; il en étoit tombé malade de chagrin : cette femme venoit pour implorer la pitié de son protecteur, qui étoit peut-être l’homme du monde le moins pitoyable. Il commença par lui parler d’une façon dure & barbare, fit sentir toute son autorité avec un regard fier, en la menaçant de faire renfermer son mari, pour le punir de sa négligence. Cette pauvre femme, démontée par ces menaces, n’imagina d’abord d’autre moyen pour le fléchir, que celui de lui peindre, avec les traits les plus touchans, la misère extrême où elle seroit réduite s’il l’abandonnoit ; mais voyant que ce détail ne le touchoit point, elle y joignit celui d’une longue généalogie, par où elle lui prouva clairement qu’elle avoit l’honneur de lui appartenir par les liens du sang, puisque leurs grands-pères étoient communs.

Je crois que si le grand-prêtre eût alors tenu dans ses mains le foudre de Jupiter, la pauvre femme eût été réduite en poudre ; mais aussi quelle imprudence d’oser déclarer devant des