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Voyage

aussi fort que les autres. Ce pauvre homme qui nous parut rempli de bon sens, nous apprit, les larmes aux yeux, que ses compatriotes venoient de découvrir tout à coup à la rade de leur port, une flotte considérable de gros vaisseaux armés en guerre, qui portoient pavillon ennemi, dont plusieurs étoient déja entrés dans le port ; qu’ils se préparoient à forcer la ville. Il ajouta qu’aussi-tôt qu’on s’étoit apperçu de leur arrivée, les habitans en avoient averti le gouverneur afin qu’il fît rassembler les troupes destinées à la garde des côtes ; mais qu’il ne s’étoit trouvé que quelques vieux soldats estropiés, hors d’état de servir. Dans cette extrémité, tous les citoyens excités par la nécessité de défendre leurs biens, leur liberté & leur vie, s’étoient offerts de prendre les armes. Qu’ils avoient d’abord couru au magasin, où l’on n’avoit trouvé que quelques mauvais canons sans affûts, de misérables fusils rouillés, dont on ne pouvoit faire aucun usage ; du reste, ni poudre, ni mortiers, ni bombes.

Cette négligence, dis-je au vieillard, vient sans doute de ce que votre gouverneur étoit persuadé que vous n’aviez nulle sorte d’ennemis à craindre ? Pardonnez-moi, monsieur, reprit ce bonhomme depuis long-tems nous