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de Milord Céton.

rades, d’une vaste étendue. Nous côtoyâmes long-tems les bords de la mer, qui n’étoient remplis que d’entrepreneurs & d’ouvriers, employés par des gens que l’appas des richesses conduit aux deux extrêmités de leur monde, qui franchissent toutes sortes de dangers pour se les procurer. Cependant je ne présume pas qu’ils soient exempts de craintes & de frayeurs.

On diroit que les Cilléniens ont toujours ce précepte devant les yeux, qui est que la fortune, comme femme, se plaît à être importunée. Il semble en effet qu’il faille user de violence pour ravir les faveurs de cette déesse. Les plus entreprenans sont presque toujours ceux qui réussissent le mieux. On accorde souvent aux importuns ce qu’on refuse à d’autres qui sont plus modestes : la hardiesse cache les mauvaises qualités des premiers ; toutes leurs démarches tendent au but qu’ils se proposent ; jamais ils ne s’en écartent ; c’est ce qui leur en assure la réussite.

À l’approche d’une ville maritime, surpris de voir les habitans en sortir en foule pour prendre la fuite ; chacun d’eux étoit chargé de ce qu’il pouvoit emporter de ses effets les plus précieux ; nous fîmes arrêter notre voiture pour en demander la raison à un vieillard que la foiblesse de ses jambes empêchoit de courir.