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de Milord Céton.

un revenu de trois ou quatre cens louis, en les distribuant, par des sommes très-modiques, à de pauvres misérables, qui chaque semaine viennent lui en rendre compte. Il est certain que les citoyens de ce monde ont les nerfs si sensibles, qu’on les voit tressaillir à la moindre apparence de profit.

Comme les grands seigneurs ne peuvent devenir riches qu’aux dépens des peuples, on tâche de persuader à ces derniers que l’esprit, le courage, les sentimens, la bonté du cœur, la pureté du langage & les grandes connoissances, se trouvent innées dans les personnes de condition, & qu’il n’appartient qu’à eux de profiter des peines & du travail des pauvres : aussi voit-on à chaque pas des gens vous poursuivre en vous demandant du pain.

Mais, combien ces sangsues doivent employer de veilles pour parvenir à leur but ! Quelle ruse, que de finesse, que de supercheries n’employent-ils pas pour se distinguer par des somptuosités ? Il semble qu’ils se disputent entr’eux le pernicieux avantage d’avoir mis plus d’adresse, ou de subtilité dans la manœuvre qu’ils mettent en usage pour faire des dupes.

Les Cilléniens se font honneur du déréglement de leurs imaginations : on ne voit dans

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