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Voyage

ce ; quelques-uns desiroient l’administration d’un hôpital ; enfin, je ne puis me rappeller le nombre de tous les vœux indiscrets, que la cupidité de ces peuples, & l’amour qu’ils ont pour les richesses, les forcent de demander.

Quelle est donc la folie de ces peuples, demandai je au génie ? Comment peuvent-ils justifier une conduite si bizarre ? Vous voyez, mon cher Céton, que toute leur gloire se borne à vivre dans l’opulence ; ce n’est que pour remplir cette vanité qu’ils offrent continuellement des vœux à la fortune ; c’est à cette déesse qu’ils sacrifient leur honneur & leur repos ; c’est dans ce monde où l’on voit la fidélité d’un ami mourir dans les bras de l’intérêt ; c’est ici où l’on voit le luxe & l’envie de briller, étouffer la sagesse d’une jeune fille, qui veut participer aux faveurs de la fortune ; c’est ici où le commerce s’étend sur tout : vous y verrez les gens en place faire un trafic de leur autorité ; les grands en font un de leur protection ; les femmes, de leurs charmes ; en un mot, tout s’y vend, jusqu’à l’esprit, dont on fait des pacotilles pour toutes les différentes nations qui habitent ce globe. Un homme qui fait profiter de son industrie, peut aisément, avec cinquante louis, se faire