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de Milord Céton.

phoses. On pourroit les mettre de la confrérie des ânes d’or. Cependant on les voyoit du faîte de cette route, où ils se croyoient bien affermis, regarder avec un dédaigneux mépris ceux dont ils occupoient la place, jusqu’à ce que la déesse, par un nouveau caprice, se plaise à donner un revers aux mouvemens de sa roue, qui les culbute à leur tour, & les fait rentrer dans le néant d’où elle les avoit tirés. C’eſt ainsi que, dans ce monde, les fortunes qui paroissent les mieux établies, sont souvent renversées.

Nous examinâmes ensuite plusieurs personnes qui venoient se prosterner aux pieds de la fortune, pour y implorer les faveurs de cette déesse. J’entendois les uns la supplier de les débarrasser d’un père que la mort avoit sans doute oublié, ou bien d’un oncle éternel, qui les faisoit languir après une succession considérable ; d’autres prioient la déesse de les favoriser au jeu ; celui-ci conjuroit la perte de son voisin, afin d’obtenir son poste ; celui-là, plus dévot & plus intéressé, lui demandoit la grace d’être admis au nombre des soixante prêtres chargés de toutes les offrandes des citoyens. On en voyoit qui faisoient des vœux pour obtenir une intendance, ou un gouvernement ; ceux-là, une recette de finan-