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de Milord Céton.

accès ; d’autres ressemblent à des labyrinthes, par les différens détours qu’il faut prendre pour pouvoir aborder aux pieds de la montagne : néanmoins chacun court à ce temple de tous les endroits de ce monde, & si l’on voit quelqu’un y monter avec un peu de facilité, il en est mille qui s’y culbutent & s’y cassent le cou.

Nous vîmes sur la route qui conduit au temple plusieurs vastes bâtimens, que le génie nous dit être les écoles des Cilléniens : une de ces écoles est destinée pour y enseigner toutes les ruses, & en même tems tous les détours de la plus envenimée chicane ; dans une autre, les marchands se fortifient dans l’art de tromper leurs correspondans, & celui de s’enrichir à la faveur des banqueroutes ; dans celle-ci, on apprend à séduire & à tromper ses meilleurs amis à la faveur de fausses promesses, de billets captieux, dont on élude l’exécution : celle-là est pour les joueurs ; enfin on en trouve pour toute espèce de vols & de rapines.

En avançant dans la route, nous découvrîmes une grande forêt, que nous fûmes encore obligés de traverser : cette forêt est très-dangereuse par la rencontre qu’on y fait de quantité de brigands, qui, sous prétexte de vous conduire à la fortune, ne cherchent que l’occasion de vous dépouiller de votre argent & de

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