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Voyages

annoncer qu’il tend au bien général de tous les peuples. Ne croyez pas que je me borne à l’art méchanique d’augmenter les revenus de l’état, de retrancher les dépenses superflues, de bien régler les affaires du prince, & celles de la nation, ni de mettre un ordre exact en toutes choses. Mon dessein est beaucoup plus étendu : vous allez le concevoir aisément lorsque je vous aurai instruit que ce nouveau projet n’a pour but que de profiter des lumières de nos premiers pères, de qui nous tenons l’art funeste de déchirer d’une main impie, les entrailles de notre mère, pour y chercher des trésors, que la sagesse de la nature y avoit soigneusement cachés. Vous entendez, monseigneur, que je veux parler de l’or, de l’argent & des pierres précieuses, qui causent à présent le malheur de presque tous les citoyens, par le luxe que ces métaux ont introduit dans les villes. Mais comme il seroit trop difficile de remédier à ce luxe, que l’or & l’argent sont devenus absolument nécessaires à tous les hommes ; car il est démontré que ces métaux bien appliqués peuvent changer les hommes au point de ne les pas reconnoître, puisqu’ils font d’un sot un homme d’esprit ; ils donnent la noblesse, & changent les bourgeoises en femmes de qualité ; ils font enfin oublier ce qu’on