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de Milord Céton.

Je ne puis concevoir, dit Monime, quel avantage cet homme peut retirer du soin qu’il apporte à acquérir de grands biens, si la servitude & l’esclavage l’empêchent d’en jouir. Quel contentement peut-il prendre d’avoir de belles terres, de beaux châteaux, de beaux parcs, de belles forêts, s’il n’a pas la liberté de s’y aller promener ? Il est vrai, dit Amilcar, qu’un favori se tourmente continuellement pour obtenir ce qui fuit devant lui : il ne peut jamais goûter la douceur d’un vrai repos ; & par un aveuglement inconcevable, son ambition le fait toujours desirer ce qu’on accorde à quelques autres, pour lui ôter le véritable usage de ce qu’il possède. Cependant cet homme qui, lorsqu’il est en préſence du prince, vous paroît si humble & si souple, semble vouloir se dédommager de sa servitude, quand il est chez lui ; & par un abus de sa grandeur, on ne le voit regarder les gens qui ont besoin de sa protection, que comme une espèce d’animal fort au-dessous de son être, auquel il se plaît à faire souffrir des injures sensibles, s’en servant de jouet, comme les enfans qui martyrisent les chiens & les chats à force de les tourmenter.

Pendant notre séjour à la cour, il s’y donna plusieurs fêtes, dans lesquelles le monarque eut pour Monime des attentions marquées. J’eus