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Voyages

obtenir de l’emploi, doivent s’armer de patience, puisque tous vous promettent sans aucun dessein d’exécuter leur parole. Je remarque qu’on vous montre un grand empressement de vous servir, lorsque dans le fond du cœur la résolution est formée de vous nuire. Ceux qui fréquentent la cour, sont sans cesse tourmentés par l’ambition : il faut qu’ils sacrifient leurs plus beaux jours à la fortune, sans espoir de paix ni de tranquillité ; & si le hazard les élève, bientôt l’envie précipite leur chûte.

Amilcar nous fit remarquer un vieux courtisan, qui occupoit dans la ville un hôtel des plus vastes. Ce seigneur usoit envers sa famille & son domeſtique d’un despotisme qui les faisoit tous trembler d’un seul de ses regards ; tous lui étoient soumis, & s’empressoient à prévenir ses moindres desirs : mais loin de jouir de tous ces avantages, tourmenté par l’ambition & l’envie d’acquérir de grandes richesses, il quittoit les respects qu’on lui rendoit & la magnificence dont il jouissoit à la ville, pour venir se restreindre sous les toits du palais du souverain, dans une petite chambre lambrissée, où à peine se pouvoit-il tenir debout. Attaché sous les pas du prince, il mettoit tous ses soins à tâcher de s’en attirer quelques regards favorables.