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de Milord Céton.

ment surprise de voir que les plus grands seigneurs, malgré les efforts qu’ils employoient pour briller, étoient encore bien éloignés d’approcher de la magnificence, & des dépenses superflues des nouveaux favoris de la fortune.

Le prince nous reçut avec bonté, dit à Monime les choses du monde les plus agréables : comme notre objet étoit d’examiner les usages de cette cour, nous y restâmes quelque tems. Je remarquai que les Cilléniens s’y rassemblent de toutes parts, dans le dessein d’y faire fortune & d’y avancer leurs familles : quelques-uns se flattent d’y mener une vie délicieuse ; mais ils ne sont pas long-tems a reconnoître leur erreur : cet endroit n’est pas fait pour la liberté ; les établissemens y sont aussi fort incertains ; il semble que ce soit dans ce lieu où la fortune a érigé son trône, afin d’y mieux signaler son inconstance. C’est-là où la plupart des courtisans passent leur vie à briguer, à solliciter, & à ne rien obtenir. Quelle ennuyeuse occupation, disoit Monime, de présenter sans cesse des placets, qu’on ne lit point, de tâcher de gagner à force d’argent un valet de chambre pour être introduit auprès de son maître, auquel on ne parvient souvent que pour être refusé ! Il me paroît, dis-je, que ceux qui cherchent ici de l’appui & des protecteurs pour