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Voyages

aller rendre visite au comte de Minucius, qui venoit de gagner un procès considérable, qui duroit depuis plus de cinquante ans. Nous partîmes ensemble, & trouvâmes chez le comte grand nombre de seigneurs, qui étoient venus pour le féliciter. On ne parla que de son triomphe, & déjà quelques poëtes qui se présentèrent, avoient exercé leur verve, afin de lui marquer en vers aussi-bien qu’en prose, la part qu’ils prenoient à sa joie.

Zachiel, qui nous accompagnoit, ne voulut pas laisser échapper cette occasion de nous faire voir jusqu’où alloit l’imbécillité & l’entêtement des Cilléniens. Il demanda donc à Minucius quel pouvoit être le sujet d’une aussi longue contestation ? C’est, dit le comte, pour un droit de cens, qu’un de mes voisins me disputoit. L’objet, à la vérité, n’étoit pas considérable ; mais si un seigneur ne soutient pas ses droits, il n’est pas estimé dans la province, & s’attire le mépris de tous ses vassaux. Il étoit donc essentiel que je soutinsse ce procès avec chaleur. Je l’ai fait aux dépens même de toute ma fortune ; car je ne puis vous dissimuler que, malgré le gain de mon procès, je me trouve absolument ruiné par les sommes réitérées qu’il faut continuellement fournir à des sang-sues qui ne s’occupent qu’à faire naître & perpétuer les plus