Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 17.djvu/182

Cette page a été validée par deux contributeurs.
157
de Milord Céton.

comptant? Apprenez que les gens d’un certain ton doivent toujours prendre à crédit, & que si on ne doit de toutes parts, on est regardé comme des personnes à qui il ne faut rien confier ; &, qui pis est, comme des gens remplis d’ordre : ce qui est ici du dernier ridicule. Ainsi, ma chère Monime, si vous voulez vous conformer aux belles manières & suivre les maximes de ce monde, vous devez toujours disputer avec la plus grande chaleur, lorsqu’on vous demande le prix de votre dépense, & ne jamais payer, sans dire aux marchands des choses dures & désagréables.

Lorsque nous fûmes en état de paroître avec assez de magnificence pour être bien reçus dans les bonnes compagnies ; car il est bon d’avertir que chez les Cilléniens, ce n’est que l’habit & les équipages qu’on honore : un homme, souvent de la plus basse extraction, qui s’annonce d’un air bruyant, est le plus estimé : la prospèrité cache tous ses défauts & tous ses ridicules : c’est un aimable homme ; il est riche, sa table est bien servie, son équipage bien doré ; nombre de domestiques l’accompagnent ; il fait beaucoup de dépense, il joue gros jeu ; en voilà assez pour mériter toute leur estime ; mais il s’en faut bien que le vrai mérite s’empare ainsi de leur vénération ; ses charmes