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de Milord Céton.

sérables, sans nous sentir pénétrés d’une pitié douloureuse : nous leur fîmes distribuer de quoi les soulager.

Plus loin, notre pitié fut encore excitée par le spectacle le plus affreux : c’étoit de pauvres paysans à qui on enlevoit, à l’un, sa vache, seule ressource qu’il eût pour subvenir à ses besoins ; à l’autre, ses chevaux de labour : d’un autre côté, on voit de jeunes gens forcés de suivre des soldats, & d’abandonner leurs pères, en privant ces bons vieillards du secours de leurs bras, & par ce moyen on les mettoit hors d’état de payer leurs impositions ; ce qui n’empêchoit pas un barbare receveur de faire vendre, au nom du souverain, le lit, la marmite, & quelques autres méchans meubles de bois à demi-pourris. À cela, on joignoit aussi quelques mesures de grains destinés à la nourriture d’une femme, que l’âge & les infirmités mettoient dans l’impossibilité de pourvoir à la subsistance de quatre ou cinq jeunes filles, qui n’étoient encore que dans cet âge où l’on ne sait que souffrir.

Hélas ! s’écria Monime, le cœur rempli d’amertume, à l’aspect de tant de misère, quel plaisir prenez-vous à me tromper ? Pourquoi, mon cher Zachiel, voulez-vous abuser de ma crédulité ? Depuis que nous sommes sous votre