eux, devoir, amitié, gratitude, ne sont plus que de vieilles chimères, ou d’anciennes erreurs, qui font les liens des sots ou des foibles, parce que l’influence qui les domine les pousse & les détermine au vrai génie d’intérêt, à celui de friponnerie & de brigandage ; ils cultivent ces odieux talens par étude, & les fortifient par expérience. L’avidité des richesses fait en eux le même effet que dans les autres mondes, l’ambition, les honneurs & la puissance : ils amassent de cent façons différentes, qui sont autant de fruits de l’industrie. Vous n’en verrez guères qui n’ait sur son compte plus d’une aventure où la probité a fait naufrage. Leur grand secret, pour se faire des créatures, est de promettre beaucoup, & de ne donner presque jamais. Ils ont pour principe, que le plus sûr chemin qu’on peut prendre pour obtenir l’estime des hommes, & le plus gracieux, est celui de la fortune. Il est certain que dans ce monde, avec de l’argent, on a de la science, de l’esprit, de la naissance, du crédit, du courage ; enfin, on a de tout, on donne le ton, on fait la loi. Par conséquent, c’est un abus de ne vouloir acquérir la considération des hommes que par des talens & des vertus ; cette voie est trop longue & trop pénible.
Cependant, en avançant dans la Cillénie,