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de Milord Céton.

aussi peu amusante, voulut bien nous donner une idée des usages qui s’observent dans ce monde, & de la façon de penser de ceux qui l’habitent. C’est ici, nous dit-il, le séjour de l’opulence, du luxe, du faste, & de toutes sortes de magnificences ; de somptueux édifices ornent toutes les villes ; de beaux châteaux, des parcs admirables embellirent leurs campagnes. Dans toute cette planette, l’argent est le seul dieu, le seul ami, le seul mérite qu’on révère : ce métal ennoblit ; il donne de la naissance & de l’esprit aux personnes les plus stupides : il fait encore parvenir aux plus hautes dignités, quoiqu’on n’ait nulle sorte de talents pour les remplir : c’est ce qui fait qu’on n’est occupé dans ce monde que des moyens par lesquels on peut acquérir de grands biens. Pour y parvenir, on emploie toutes choses : la passion des richesses a toujours fait le caractère dominant de tous ces peuples, qu’on nomme Cilléniens : mais ils ont changé depuis quelques années leurs manières d’en user. Autrefois leurs grands principes étoient de conserver ce qu’ils avoient amassé : ils pensoient qu’il étoit juste de ménager avec soin ce qu’ils avoient su gagner avec bien des peines, & qu’il suffisoit d’avoir ses coffres pleins pour se faire des amis.