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Voyages

sembloit, par sa grosseur, avoir été planté à la création du monde. Sous cet arbre, nous le vîmes creuser trois cercles l’un dans l’autre, & la terre, obéissante aux ordres de ce négromancien, prenoit elle-même, en frémissant, les figures qu’il vouloit y tracer : il y grava les noms des intelligences de tous les siècles, ceux de l’année, de la saison, du mois, de la semaine, du jour, de l’heure & de la minute, avec leurs chiffres différens, qu’il plaça chacun à leur place, & les encensa tous avec des cérémonies particulières. Il posa ensuite son vase au milieu des cercles, le découvrit, mit le bout pointu de sa baguette entre ses dents, se coucha la face tournée vers l’orient & s’endormit. Pendant son sommeil, vrai ou feint, nous vîmes tomber dans le vase cinq graines de fougère.

Lorsque le vieillard fut éveillé, il les prit & en mit une dans chacune de ses oreilles ; une dans sa bouche, une autre qu’il replongea dans le vase, & jetta la cinquieme hors des cercles, mais à peine fut-elle sortie de sa main, que nous le vîmes environné de plus d’un million d’animaux de mauvais augure. Le négromancien toucha alors de sa baguette un chat-huant, un renard & une taupe, qui entrèrent aussi-tôt dans les cercles en faisant un cri abominable : il