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Préface

on te régaloit sans cesse de mille petits propos légers, qui ne signifient rien, & qui cependant font la matière de la plupart des conversations : tu étois regardée comme un joli automate, auquel on ne demandoit ni sentiment, ni délicatesse, ni esprit, ni bon sens. Qui peut s’imaginer qu’il peut entrer de ces drogues-là dans une petite tête bourgeoise ? Est-elle faite pour avoir seulement la plus légère idée de ce qui s’appelle bon ton ? Quelles peuvent donc être ses prétentions ? Doit-on des égards à qui n’a ni qualité ni titres ni richesses ? C’est le raisonnement de certains nigauds, dont malheureusement il y a un très-grand nombre dans le siècle où nous sommes, c’est celui de ces gens, que l’orgueil, l’amour-propre, le caprice & l’imbécilité conduisent dans toutes les actions de leur vie ; de ces gens qui se croiroient déshonorés, s’ils osoient regarder comme amis, des personnes qui n’auroient d’autres titres que la vertu, la candeur & la droiture. D’où vient ? C’est qu’avec ces seules qualités elles les font rougir intérieurement de la bassesse de leurs sentimens. Cependant c’est une partie de ces gens que tu