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de Milord Céton.

vouloir paroître l’amant de toutes les femmes, lorsqu’il n’étoit que la ressource de celles qui sont décriées, le jouet des coquettes, l’esclave & l’imitateur de leurs airs, & le fléau de la bonne compagnie, qui ne le reçoit que comme une marionnette, dont on peut s’amuser un instant.

Resté seul avec Zachiel, je ne puis, lui dis-je, m’accoutumer aux caractères des lunaires : je trouve une bisarrerie & un contraste perpétuel dans toutes leurs actions : je voudrois savoir quelles sont les raisons d’une conduite si éloignée de la nôtre. C’est, dit le génie, qu’ils sont trop vifs & trop étourdis pour se soumettre aux conseils de la raison. Loin de profiter des sottises des autres pour éviter d’en faire, on les voit semblables à des oiseaux, se laisser prendre dans les mêmes pièges ou l’on en a pris cent mille autres. Voilà ce qui fait que les sottises des pères sont perdues pour les enfans. Ces peuples ont toujours eu chez eux le même penchant à la folie, sur lequel la raison n’a jamais pu établir son empire.

Puisque nous sommes seuls, dit Monime, expliquez-moi, je vous prie, mon cher Zachiel, pourquoi un siècle diffère tant d’un autre ? Ne peut-on pas croire que la nature dépérit à force de se mouvoir & qu’il lui faut quelque tems