Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 17.djvu/119

Cette page a été validée par deux contributeurs.

votre ami ; pourquoi voulez-vous verser son sang pour un mot indiscrettement lâché, que vous devez oublier ? Vous prenez, à ce que je vois, dit Damon, cette affaire au grave : je vous supplie de ne vous en point inquiéter : soyez sûr que de tout ce tapage il n’y aura que l’écarlate qui en rougira. Je connois Fanfaronnet, & je puis vous protester qu’il a trop d’amour pour la vie pour s’exposer aux hasards qu’on lui reproche d’être défunt. Je suis fort assuré qu’il va attendre des lettres du dieu mars, qui lui indiquent l’heure à laquelle il doit commencer notre combat. Le baron n’est pas de ces gens qui cherchent à mourir promptement pour en être plutôt quitte : il n’est point du tout pressé d’aller visiter le sombre manoir. Plus généreux que vous ne pensez, il sait mépriser toutes les disgraces qui lui arrivent, afin de vivre plus long-tems : il trouve le jour si beau, qu’il ne veut point aller dormir sous terre à cause qu’il n’y fait pas clair. Vous me rassurez, reprit Monime, qui vit par ce discours que la querelle n’auroit aucune suite fâcheuse. Je m’apperçois que le seigneur Fanfaronnet est un homme magnifique & plein de prévoyance : il craint, sans doute, en tombant sur le pré, de s’embarquer indiscrettement pour l’autre monde. Que fait-on ? les seigneurs sont fort sujets