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de Milord Céton.

mation la plus noble, la plus tendre & la plus touchante ; ses sons, ses gestes & toutes ses attitudes, mettent l’ame dans une espèce de délire. Ah ! Mahomet, si les houris destinées à exécuter la musique de ton paradis lui ressemblent, quelles délices pour tes bienheureux !

Voilà un enthousiasme, dit Monime, qui nous annonce une personne de beaucoup d’esprit, puisqu’elle a le talent de réveiller les passions avec tant de force. Vous êtes dans l’erreur, belle dame, dit Licidas : cette actrice n’est qu’une imbécille ; à peine végete-t-elle ; ce n’est qu’une espèce d’automate dont les organes les plus parfaits sont ceux du gosier : du reste, les fibres de son cerveau sont trop grossiers pour qu’on en puisse tirer aucune étincelle de bon sens. En causant ainsi, nous nous trouvâmes à la porte du salon, qui étoit rempli d’une nombreuse compagnie. Monime y fut reçue avec ces grâces que donne le bon ton : on la trouva coëffée à ravir ; on examina son habit, ses parures qui furent trouvées du dernier goût. Elle ne reçut point ces louanges en ingrate : elle savoit l’usage, & les rendit au centuple.

Nous n’eûmes pas de peine à distinguer dans le nombre des musiciens cette admirable actrice, par l’empressement que montroient