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de Milord Céton.

Licidas nous engagea d’un air si pressant de venir passer l’après-dînée chez lui, avec plusieurs autres personnes qu’il avoit aussi invitées, que nous ne pûmes nous refuser aux instances de ce jeune seigneur. Son hôtel ne cédoit en rien pour la magnificence à celui de Damon. Licidas commença par nous faire voir tous ses appartemens ; il nous en fit admirer la distribution & les meubles qui étoient du dernier goût. Il est vrai que tout ce qui les ornoit étoit d’une élégance admirable : de beaux cabinets remplis de figures de bronze, de vases précieux, de magots, de petites poupées, de pantins, de découpures de sa façon, qu’il prétendoit être les portraits pris en profil de toutes les personnes de sa connoissance ; des estampes qui représentoient des figures indécentes ; des pots-pourris de formes différentes, étoient distribués dans tous les coins de ses appartemens, & y répandoient un parfum délicieux : enfin je ne puis nombrer la prodigieuse quantité d’inutilités dont sa maison étoit remplie & qui étoient toutes d’un prix infini ; mais pas un seul livre, ni rien de ce qui peut annoncer le goût d’un homme qui sait mettre à profit les momens qu’il devroit employer à s’instruire. Quelques brochures nouvelles étoient seulement répandues dans ses boudoirs, parce qu’il étoit du