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de Robinson Crusoé.

qu’elle étoit basse, l’eau étoit douce un peu au-dessus de l’embouchure ; ainsi nous remplîmes nos jarres, nous nous régalâmes du liévre que nous avions tué, & nous nous disposâmes à reprendre notre route, laissant cette contrée sans y avoir remarqué les traces d’aucune créature humaine.

Comme j’avoir déjà fait un voyage à cette côte auparavant, aussi savois-je bien que les Isles Canaries & celles du Cap-Vert n’en étoient pas éloignées. Mais n’ayant aucun des instrumens propres à prendre la latitude tant de notre situation que de celle des Isles, & que d’ailleurs ma mémoire ne me fournissoit aucune lumière sur le dernier article, je ne savois où les aller chercher, ni dans quel endroit il me faudroit précisément larguer pour y diriger ma course. Sans tous ces obstacles, j’aurois pu aisément gagner quelqu’une de ces Isles : mais mon espérance étoit qu’en suivant la côte, jusqu’à ce que j’arrivasse à cette partie où les Anglois font leur commerce, je rencontrerois quelqu’un de leurs vaisseaux, allant & venant à l’ordinaire, lequel voudroit bien nous recevoir & nous tirer de la misère.

Autant que j’en puis juger par le calcul que j’ai fait, il falloit que le lieu où nous étions alors, fût cette région, qui, située entre les terres de l’Empereur de Maroc d’un côté, & la