Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 1.djvu/72

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
67
de Robinson Crusoé.

lui dis : « non, Xuri, je ne veux point débarquer maintenant ; mais aussi, ajoutai-je, le jour pourra-nous faire voir des hommes, qui sont aussi à craindre que ces lions. » Alors, reprit-il en riant, nous tirer à eux un bon coup de fusil, pour faire eux prendre fuite ; car Xuri n’avoit pas appris un langage plus pur, en conversant avec nos esclaves. Cependant j’étois bien aise de voir qu’il eût si bon courage, & pour le fortifier encore davantage, je lui donnai un petit verre de liqueur, que je tirai de la cave de notre patron. Après tout, l’avis de Xuri étoit bon ; aussi le suivis-je : nous jetâmes notre petite ancre, & nous demeurâmes coi, car il n’étoit pas possible de dormir, parce que, quelque tems après, nous apperçûmes des animaux d’une grosseur extrême, & de plusieurs sortes, auxquels nous ne savions quel nom donner, qui descendoient vers le rivage, & couroient dans l’eau, où ils se lavoient & se vautroient pour se rafraîchir ; & ils poussoient des cris si horribles, que de mes jours je n’ouïs rien d’approchant.

Xuri étoit dans une frayeur terrible, &, à ne point mentir, je n’en étois pas trop exempt. Mais ce fut bien pis, quand nous entendîmes un de ces animaux énormes, qui venoit à la nâge vers notre bateau. À la vérité nous ne le pouvions pas