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Les aventures

première décharge ; mais il étoit nécessaire de faire un feu continuel, car ils venoient sur nous comme des diables, ceux de derrière poussant en avant les premiers.

Après notre seconde décharge, nous les vîmes s’arrêter un peu, & j’espérois déjà que nous en serions bientôt quittes ; mais j’étois bien trompé. Nous fûmes encore obligés de faire feu deux fois de nos pistolets, & je crois que dans ces quatre décharges nous en tuâmes bien dix-sept ou dix-hui, en blessant plus du double de ce nombre.

J’aurois été fort fâché de faire tirer notre dernier coup sans la dernière nécessité : je fis donc venir mon valet anglois, (car Vendredi étoit occupé à charger mon fusil & le sien,) je lui ordonnai de prendre un cornet à poudre, & de faire une traînée sur l’arbre qui nous servoit de rempart, & sur lequel les loups se jetoient à tout moment avec une rage épouvantable. Il le fit sur la champ, & dès que je vis nos ennemis montés sur l’arbre, j’eus justement le tems de mettre le feu à ma traînée, en lâchant dessus le chien d’un pistolet déchargé : tous ceux qui se trouvoient sur l’arbre furent grillés par le feu, dont la force en jeta sept ou huit parmi nous, que nous dépêchâmes en moins de rien : pour les autres, il étoient si effrayés de cette lumière