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de Robinson Crusoé.

vinces du Languedoc & de la Gascogne, qui frappoient nos yeux par une charmante verdure. Il est vrai que nous les voyions à une grande distance de nous, & qu’il falloit encore faire bien du chemin avant que d’y entrer.

Nous fûmes pourtant bien mortifiés un jour, en voyant tomber de la neige en une telle abondance, qu’il nous fut impossible d’avancer ; mais notre guide nous donna courage, en nous assurant que toutes les difficultés de la route seroient bientôt surmontés. Nous trouvâmes effectivement que chaque jour nous descendions de plus en plus, & que nous avancions du côté du Nord, ce qui nous donna assez de confiance en notre guide pour pousser hardiment notre voyage.

Voici une aventure assez remarquable qui nous arriva un jour. Nous avions à peu près deux heures de jour, quand nous hâtant vers notre gîte, nous vîmes sortir d’un chemin creux, à côté d’un bois épais, trois loups monstrueux, suivis d’un ours. Comme notre guide nous avoit assez devancés pour être hors de notre vue, deux de ces loups se jettèrent sur lui, & si nous avions été seulement éloignés d’un demi-mille Anglois, il auroit été certainement dévoré avant que nous eussions été en état de lui donner du secours. L’un de ces animaux s’attacha au cheval, & l’autre attaqua l’homme avec tant de fureur, qu’il n’eut