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Les aventures

gnions rien de ces animaux, pourvu qu’il nous pût mettre l’esprit en repos sur certains loups à deux jambes que nous étions en grand danger de rencontrer, à ce qu’on nous avoit assuré, du côté des montagnes qui regardent la France.

Il nous répondit que nous ne serons point exposés à ce danger dans la route par laquelle il nous meneroit ; & là-dessus nous nous déterminâmes à le suivre, & le même parti fut pris par douze cavaliers françois avec leurs valets, qui avoient été obligés de revenir sur leurs pas.

Nous sortîmes de Pampelune le 15 de Novembre, & nous fûmes d’abord bien surpris de voir notre guide, au lieu de nous mener en avant, nous faire retourner l’espace de vingt milles Anglois, par le même chemin par lequel nous étions venus de Madrid ; mais ayant passé deux rivières, & traversé un climat fort chaud & fort agréable, où l’on ne découvroit pas la moindre neige, il tourna tout d’un coup du côté gauche, & nous fit rentrer dans les montagnes par un autre chemin. Nous y apperçumes des précipices dont la vue nous faisoit frissonner ; mais il sut nous conduire par tant détours & par tant de traverses, qu’il nous fit passer la hauteur des montagnes sans que nous en sussions rien, & sans être fort incommodés de la neige, & tout d’un coup il nous montra les agréable & fertiles pro-