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de Robinson Crusoé.

taine qui avoit été tué, afin que nos prisonniers l’y pussent voir.

Dès que le capitaine fut parti, je les fis venir à mon habitation, & j’entrai dans une conversation très-sérieuse touchant leur situation. Je les louai du choix qu’ils avoient fait, puisque le capitaine, s’il les avoit fait conduire à bord du vaisseau, les auroit fait pendre certainement, aussi bien que le nouveau capitaine, que je leur montrai attaché à la grande vergue.

Quand je les vis déterminés à rester dans l’île, je leur donnai tout le détail de cet endroit, & la manière de faire du pain, d’ensemencer mes terres, & de sécher mes raisons ; en un mot, je les instruisis de tout ce qui pouvoit rendre leur vie agréable & commode. Je leur parlai encore de seize espagnols qu’ils avoient à attendre, je leur laissai une lettre pour eux, & je leur fis promettre de vivre avec eux en bonne amitié.

Je leur laissai mes armes ; savoir mes mousquets, trois fusils de chasse, & trois sabres : j’avois encore, outre cela, un baril & demi de poudre ; car j’en avois consumé fort peu. Je leur enseignai aussi la manière d’élever mes chèvres, de les traire, de les engraisser, & de faire du beurre & du fromage. De plus, je leur promis de faire en sorte que le capitaine leur laissât une