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Les aventures

& consentirent à se laisser garotter comme les autres.

Voyant alors tous nos ennemis hors de combat, j’eus le tems de faire au capitaine le récit de toutes mes aventures : il l’écouta avec une attention qui alloit jusqu’à l’extase, & sur-tout la manière miraculeuse dont j’avois été fourni de munitions & de vivres. Comme toute mon histoire est un tissu de prodiges, elle fit de fortes impressions sur lui ; mais quand de-là il commençoit à réfléchir sur son propre sort, & à considérer que la providence ne paroissoit m’avoir conservé que pour lui sauver la vie, il étoit si touché, qu’il répandoit un ruisseau de larmes, & qu’il étoit incapable de prononcer une seule parole.

Notre conversation étant finie, je le conduisis avec ses deux compagnons dans mon château ; je lui donnai tous les rafraîchissemens que j’étois en état de lui fournir, & je lui montrai toutes les inventions dont je m’étois avisé pendant mon séjour dans l’île.

Tout ce que je disois au capitaine, tout ce que je lui montrois, lui paroissoit surprenant : il admiroit sur-tout ma fortification, & la manière dont j’avois caché ma retraite par le moyen du bocage que j’avois planté il y avoit déjà vingt ans. Comme les arbres croissent dans ce pays bien plus vîte qu’en Angleterre, ce petit bois