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Les aventures

de tuer une chèvre, nous ne manquions jamais d’en conserver les petits. Outre cela, la saison étant venue de cueillir le raisin, je fis sécher une si grande quantité de grappes, qu’il y en avoit de quoi remplir plus de soixante barils. Ce fruit faisoit avec notre pain une grande partie de nos alimens, & je puis vous assurer que c’est quelque chose d’extraordinairement nourrissant.

C’étoit alors le tems de la moisson, & notre grain étoit en fort bon état, quoique j’aie vu des années plus fertiles dans l’île. La récolte fut pourtant assez bonne pour répondre à nos fins : de vingt-deux boisseaux d’orge que nous avions semés, il nous en vint deux cent vingt, & notre riz s’étoit multiplié à proportion ; ce qui étoit une provision suffisante pour nous, & pour les hôtes que nous attendions, jusqu’à notre moisson prochaine ; ou bien, s’il s’agissoit de faire le voyage projeté, il y en avoit assez pour ravitailler notre vaisseau abondamment, de quelque côté de l’Amérique que nous voulussions diriger notre cours.

Après avoir recueilli ainsi nos grains, nous nous mîmes à travailler en osier & à faire quatre grands paniers pour l’y conserver. L’Espagnol étoit extrêmement habile à ces sortes d’ouvrages, & il me blâmoit souvent de n’avoir pas employé cet