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Les aventures

rois mieux être dévoré tout vivant par les sauvages, que de tomber entre les mains de l’inquisition. Sans cette difficulté, ajoutai-je, je croirois mon dessin fort aisé, & s’ils se trouvoient tous ici on pourroit facilement constuire un bâtiment assez grand pour nous mener ou du côté du sud dans le Brésil, ou du côté du nord dans les îles Espagnoles.

Après avoir écouté mon discours avec attention, il me répondit avec un air de candeur, que ces gens-là sentoient avec tant de vivacité, tout ce qu’il y avoit de misérable dans leur situation, qu’il étoit sûr qu’ils auroient horreur de la pensée seule de maltraiter un homme qui contribueroit à les en délivrer. Si vous voulez, poursuivit-il, j’irai les voir avec le vieux sauvage, je leur communiquerai votre intention, & je vous apporterai leur réponse : je n’entrerai point en traité avec eux, sans qu’ils m’assurent de le garder par les sermens les plus solemnels. Je veux stipuler qu’il vous reconnoîtront pour leur commandant, & je les ferai jurer par les sacremens & par l’évangile, de vous suivre dans quelque pays chrétien que vous trouviez à propos de les mener, & de vous obéir exactement, jusqu’à ce que nous y soyons arrivés ; & je prétends vous apporter sur tout cela un contrat formel, signé par toute la troupe.

Pour me donner plus de confiance en lui, il me proposa de me prêter serment lui-même