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de Robinson Crusoé.

de sa méditation : à quoi il ne répondit rien, sinon : moi voir telle chaloupe ainsi chez na nation.

Je ne savois pas ce qu’il vouloit dire pendant assez longtems ; mais après un plus mûr examen, je compris qu’il vouloit me faire entendre qu’une semblable chaloupe avoit été portée par un orage sur le rivage de sa nation. Je conclus de-là que quelque vaisseau européen devoit avoir fait naufrage sur ces côtés ; & que peut-être les vents ayant détaché la chaloupe, l’avoient poussée sur le sable : mais je fus assez stupide pour ne pas me mettre dans l’esprit seulement que des hommes s’étoient sauvés du naufrage par ce moyen. La seule chose où je songeois, c’étoit de demander à mon sauvage une description de la chaloupe en question.

Il s’en acquitta assez bien ; mais il me fit entrer tout-à-fait dans sa pensée, en y ajoutant : nous sauver les blancs hommes de noyer. Je lui demandai d’abord s’il y avoit donc quelques hommes blancs dans cette chaloupe. Oui, dit-il, la chaloupe pleine d’hommes blancs. Et en comptant par ses doigts, il me fit comprendre qu’il y en avoit eu jusqu’à dix-sept, & qu’ils demeuroient chez sa nation.

Ce discours remplit mon cerveau de nouvelles chimères ; je m’imaginai d’abord que c’étoit les gens du vaisseau échoué à la vue de mon île, qui,