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Les aventures

toutes les ouvertures qu’il pouvoit ; mais j’avois beau lui demander les noms des différens peuples des environs, il ne me répondit rien, sinon Caribs ; d’où j’inférois que c’étoit Caribes, que nos cartes placent du côté de l’Amérique, qui s’étend de la rivière Oroonoque, vers Guiana & Sainte-Marthe. Il me dit encore, que bien loin derrière la lune, (il vouloit dire vers le couchant de la lune, ce qui doit être à l’ouest de leur pays,) il y avoit des hommes blancs & barbus comme moi, & qu’ils avoient tué grand beaucoup hommes : c’étoit-l) sa manière de s’exprimer. Il étoit aisé à comprendre qu’il désignoit par-là les Espagnols, dont les cruautés se sont répandues par tous ces pays, & que les habitans détestent par tradition.

Je m’informai de lui là-dessus comment je pourrois faire pour venir parmi ces hommes blancs. Il me répartit que j’y pouvois aller en deux canots, ce que je ne compris pas d’abord ; mais quand il se fut expliqué par signes, je vis qu’il entendoit par-là un canot aussi grand que deux autres.

Cet entretien me fit grand plaisir, & me donna l’espérance de me tirer quelque jours de l’île, & de trouver pour cela un secours considérable dans mon fidèle sauvage.

Je ne négligeois pas parmi ces différences con-