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de Robinson Crusoé.

augmenter mes provisions, & pour être en état de les partager avec lui. Il parut fort sensible à mes soins, & il me fit entendre que sa reconnoissance l’animeroit à travailler avec d’autant plus d’assiduité. C’est-là l’année la plus agréable que j’aie passée dans l’île. Vendredi commençoit à parler fort joliment ; il savoit déjà les noms de presque toutes les choses dont je pouvois avoir besoin, & de tous les lieux où j’avois à l’envoyer ; ce qui me rendoit l’usage de ma langue qui m’avoit été si long-tems inutile, du moins par rapport au discours. Ce n’étoit pas seulement par sa conversation qu’il me plaisoit, j’étoit charmé de plus en plus de sa probité, & je commençois à l’aimer avec passion, voyant que, de son côté, il avoit pour moi tout l’attachement & toute la tendresse possible.

Un jour j’eus envie de savoir de lui s’il regrettoit beaucoup sa partie ; & comment il savoit assez l’Anglois pour répondre à la plupart de mes questions ; je lui demandai si sa nation n’étoit jamais victorieuse dans les combats ; & se mettant à sourire, oui, me dit-il, nous toujours combattre le meilleur, c’est-à-dire, nous remportons toujours la victoire. Là-dessus nous eûmes l’entretien suivant, que je range ici en forme de dialogue.

Le Maître. Votre nation combat toujours le