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de Robinson Crusoé.

tamis, pour préparer ma farine, & la séparer des cosses & du son ; sans quoi je ne voyois pas qu’il fût possible d’avoir du pain. La chose étoit si difficile en elle-même, que je n’avois presque pas le courage d’y penser. En effet j’étois bien éloigné d’avoir les choses requises pour faire un tamis ; car il ne me falloit pas moins qu’un beau canevas ou bien quelqu’autre étoffe transparente pour passer la farine. Ce fut-là pour moi une vraie enclouûre qui me retint dans l’inaction & dans l’incertitude pendant plusieurs mois. Tout ce qui me restoit de toile, n’étois que des guenilles : j’avois à la vérité du poil de bouc ; mais je ne savois ni comment le filer, ni le travailler au métier ; & quand même je l’aurois su, il me manquoit les instrumens propres. Tout ce que je pus faire pour remédier à ce mal, fut que je me rappelai enfin dans la mémoire qu’il y avoit parmi les hardes de nos mariniers que j’avois sauvées du vaisseau, quelques cravates faites de toile de coton. C’est à quoi j’eus recours, & avec quelques morceaux de cravates je me fis trois petits sas, mais assez propres pour mon travail. Je m’en servis pendant plusieurs années, & nous verrons en sa place ce que je leur substituai quand la nécessité ou l’occasion se présentèrent.

Ensuite venoit la boulangerie, dont les fonc-