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Les aventures

çoit à fondre & à couler ; car le gravier qui se trouva mêlé parmi l’argile, se liquéfioit par la violente ardeur du feu, & se seroit tourné en verre, si j’eusse continué. Ainsi je tempérai mon brasier par degrés, jusqu’à ce que les vases commençassent à perdre un peu de leur rouge ; & je fus debout toute la nuit, pour avoir l’œil dessus, de peur que le feu ne s’abattît trop soudainement. À la pointe du jour, je me vis enrichi de trois cruches, qui étoient, je ne dirai pas belles, mais très bonnes, & de trois autres pots de terre, aussi bien cuits qu’on le sauroit souhaiter, l’un desquels avoit reçu un parfait vernis de la fonte du gravier.

Je n’ai pas besoin de dire, qu’après cette expérience je ne me laissai plus manquer d’aucun vase de terre, qui me pût être utile. Mais je puis bien dire une chose, que tout le monde n’est pas obligé de savoir ; c’est que leur forme étoit extrêmement difforme. Et c’est de quoi l’on ne s’étonnera point, si l’on considère que je n’avois aucun secours, ni aucune méthode fixe pour un tel travail ; me trouvant à-peu près dans le cas des enfans, qui font des pâtés avec de la terre grasse ; ou si vous voulez, d’une femme qui s’érigeroit en pâtissière sans avoir jamais appris à manier la pâte.

Une chose si petite en elle même, ne causa