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de Robinson Crusoé.

aucun des ustensiles dont j’étois déjà pourvu. Au bout de quelque tems il arriva, qu’ayant un bon feu pour apprêter mes viandes, je trouvai en fourgonnant dans mon foyer un morceau de ma vaisselle de terre, lequel étoit cuit, dur comme une pierre, & rouge comme une tuile. Je fus agréablement surpris de voir cela ; & je dis en moi-même, qu’assurément mes ports se pourroient très-bien cuire étant entiers, puisqu’il s’en cuisoit des morceaux séparés dans une si grande perfection.

Cette découverte fut cause que je me mis à considérer comment je ferois pour disposer tellement mon feu que j’y puisse cuire mes pots. Je n’avois aucune idée ni du genre de fourneau dont se servent les potiers, ni du vernis dont ils enduisent leur vaisselle, ne scachant pas que le plomb que j’avois étoit bon pour cela. Mais à tout hasard, je plaçai trois grandes cruches, sur lesquelles je mis trois pots, le tout en forme de pile, avec un gros tas de cendre par-dessous. Je fis alentour un feu de bois, qui flamboit si bien aux côtés & par dessus, qu’en peu de tems je vis mes vases tout rouges de part en part, sans qu’il en parut aucun de fêlé. Je les laissai demeurer dans ce degré de chaleur environ cinq ou six heures, jusqu’à ce que j’en apperçus un, qui n’étoit pas fendu à la vérité, mais qui commen-