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de Robinson Crusoé.

voyage, je prendrois à l’est de mon domicile, & qu’ainsi je ferois le tour avant de parvenir à ma marque.

Je pris pour m’en retourner un autre chemin que celui par où j’étois venu, croyant que je pourrois aisément avoir l’aspect de toute l’île, & que je ne pourrois pas manquer, en jetant la vue ça et là, de trouver mon ancienne demeure. Mais je me trompois dans ce raisonnement ; car quand je me fus avancé l’espace de deux ou trois milles dans le pays, je me trouvai dans une vallée spacieuse, mais environnée de collines tellement couvertes de bois, que je ne pouvois à nulle enseigne deviner mon chemin, à moins que ce n’eût été au cours du soleil ; encore auroit-il fallu pour cela que je susse la position de cet astre, ou l’heure du jour.

Il arriva pour surcroît d’infortune qu’il fit un tems sombre durant trois ou quatre jours que je séjournai dans cette vallée ; comme je ne pouvois point voir le soleil tout ce tems-là, j’eus le déplaisir d’y être errant & vagabond, & de me voir enfin obligé de gagner le bord de la mer, où je cherchai ma perche, & d’enfiler le même chemin que j’avois déjà fait. Ainsi je m’en retournai au logis à petites journées, supportant & le poids de la chaleur qui étoit excessive, & celui de mon