Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 1.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
208
Les aventures

j’en fis n’est pas un garant suffisant pour l’oser recommander à qui que ce soit ; parce que, si d’un côté il emporta la fièvre, de l’autre il contribua extrêmement à m’affoiblir, & il m’en resta pendant quelque tems un ébranlement de nerfs, & de fortes convulsions par tout le corps.

Ces fréquentes promenades m’apprirent à mes dépens une particularité, qui est, qu’il n’y avoit rien de plus pernicieux à la santé que de se mettre en campagne pendant la saison pluvieuse, sur-tout si la pluie étoit accompagnée d’une tempête ou d’un ouragan. Or, comme la pluie qui survenoit quelquefois dans la saison sèche, ne tomboit jamais sans orage, aussi trouvois-je qu’elle étoit beaucoup plus dangereuse, & plus à craindre que celle de Septembre ou d’Octobre.

Il y avoit près de dix mois que j’étois dans cette île infortunée ; toute possibilité d’en sortir sembloit m’être ôtée pour toujours, & je croyois fermement que jamais créature humaine n’avoit mis le pied dans ce lieu sauvage. Ma demeure se trouvoit, selon moi, suffisamment fortifiée : j’avois un grand desir de faire une découverte plus complette de l’île, & de voir si je ne pourrois point rencontrer des productions qui m’auroient été cachées jusqu’alors.

Ce fut le 15 Juillet que je commençai de faire