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de Robinson Crusoé.

qu’il vînt quelque vaisseau à ma portée, je n’omisse rien de ce qui pouvoit favoriser ma délivrance, dont l’attente n’étoit pas encore tout-à-fait bannie de mon cœur.

Comme j’étois en quête d’une place ainsi conditionnée, je trouvai une petite plaine située au pied d’une colline élevée, dont le front étoit roide, & sans talus, de même que le frontispice d’une maison, tellement que rien ne pouvoit venir sur moi du haut en bas ; dans la façade de ce rocher, il y avoit un endroit creux, qui s’enfonçoit un peu avant, assez semblable à l’entrée ou à la porte d’une cave ; mais il n’y avoit en effet aucune caverne, ni aucun chemin qui allât dans le rocher.

C’est sur l’esplanade, justement devant cette enfonçure, que je résolus de planter le piquet. La plaine n’avoit pas plus de cent verges de largeur, elle s’étendoit environ une fois plus en long, & formoit devant mon habitation une espèce de tapis vert, qui se terminoit en descendant régulièrement de tous côtés dans les bas lieux vers la mer. Cette situation étoit au Nord-Nord-Ouest de la colline, tellement qu’elle me mettoit tous les jours à l’abri de la chaleur jusqu’à ce que j’eusse le soleil à l’Ouest quart au Sud-Ouest, ou environ, qui est à peu près l’heure de son coucher dans ces climats.