parmi les soldats dévoués, intelligents et parlant russe, pour fraterniser avec les troupes russes. En échange, contre notre camelote, notre eau-de-vie et notre littérature incendiaire, que nous répandrons parmi eux, nous obtiendrons des renseignements précieux sur la disposition des armées adverses, de leurs batteries, etc…, ce qui nous permettra facilement, sans perte de temps et sans attendre l’accomplissement du programme sus-indiqué, de mettre la main sur quelques places d’importance stratégique pour nous, et en premier lieu sur la ville de Riga, dont la conquête a été promise à notre empereur en 1915.
« Vous n’oublierez pas, par tous les moyens, de jeter la défiance et de créer une animosité dans les milieux militaires russes contre les Français et les Anglais. Vous ferez valoir le peu d’intérêt qu’ont les Russes à se battre pour l’Alsace-Lorraine et l’Égypte et vous ne vous lasserez pas de répéter la phrase spirituelle que nous avons mise en circulation, parmi eux, dès le début de la guerre : Les Alliés combattront contre l’Allemagne jusqu’à la dernière goutte de sang russe.
« Vous ne manquerez point d’emporter avec vous des drapeaux et placards rouges avec ces inscriptions : Paix sans annexions ni contributions, libre disposition des peuples, etc…vous les distribuerez parmi nos amis les bolcheviks. À ce qu’il paraît, ces inscriptions produisent une grande impression sur les foules sans qu’elles en saisissent bien le sens. D’ailleurs, comme vous le comprenez bien, elles n’en ont aucun pour nous autres. Mais tous les peuples, et non seulement le peuple barbare russe, se laissent facilement gouverner par les illusions. Quand nous n’aurons plus besoin de les entretenir, c’est-à-dire quand l’armée russe cessera d’exister, vous pourrez remettre les fanions et placards en question à vos amis de France et d’Angleterre qui sont aussi les nôtres. Tout usés qu’ils seront, ils serviront quand même à notre cause.
« Quand vous aurez accompli votre tâche et réalisé le programme qui vous est tracé, vous pourrez comp-