tait sur la nécessité, pour la conservation intégrale de la Russie et de son régime monarchique, de la conclusion immédiate d’une paix honorable, séparée, avec les empires du centre. Indiquant que le peuple et l’armée russes, exténuées par les souffrances, acquiesceraient à la signature d’une pareille paix, Protopopoff mettait en relief l’opposition intransigeante que rencontrerait la combinaison de la part de la Douma, d’une partie du Conseil de l’Empire ainsi que des milieux bourgeois du pays. Il estimait, toutefois, que la dissolution brutale des deux Chambres pourrait favoriser, dans les conditions actuelles, une fermentation dangereuse dans les esprits. Pour parer à cette éventualité, il était nécessaire de dresser devant les yeux des partis démocratiques et de la bourgeoisie libérale, le spectre d’une révolution sociale. Ayant entière connaissance, par l’intermédiaire d’agents policiers nombreux, des courants souterrains révolutionnaires et de l’organisation des partis, il n’y avait qu’à provoquer la réunion de ces organisations au sein de Petrograde même. Puis, cela fait, tenter le grand coup, en arrêtant les organisations et en dissolvant les Chambres, discréditées aux yeux de ceux mêmes qui en étaient le soutien. De cette manière, aucun obstacle ne s’opposait plus au triomphe de sa politique.
Plusieurs personnes très compétentes, et mêlées aux épisodes des premiers mois de la révolution, nient catégoriquement l’authenticité de ce récit. Nous partageons leur avis.
Nous estimons toutefois, et c’est la raison pour laquelle nous nous sommes permis de le reproduire, que, plus qu’à aucune autre légende, la définition « si non è vero, ben trovato » pourrait lui être appliquée.
Quoi qu’il en soit, la révolution de cour, compromise par les hésitations et la veulerie des conspirateurs, n’ayant point abouti, l’étincelle classique ne tarda pas à produire l’explosion des matières inflammables amassées et laissées sans aucune surveillance.
La révolution russe éclata le 27 février 1917, à la suite de la mutinerie d’une compagnie d’un régiment de