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membres même de la famille impériale, des grands-ducs, parmi lesquels plusieurs s’efforcèrent, mais en vain, d’ouvrir les yeux du monarque sur les dangers qui menaçaient son trône et sa personne.

Bientôt ne restèrent comme conseillers intimes de l’empereur que Protopopoff, parvenu intéressé, l’équivoque Voieykov, Nilon, l’alcoolique, et le comte Frederiks, un gâteux. Pendant ce temps-là, le vieux bateau de l’ancien régime, secoué par une mer qui devenait de plus en plus houleuse, allait sans boussole, ni capitaine, à la dérive. La catastrophe inévitable, vers laquelle couraient la Patrie et aussi la Monarchie par la faute du tsar, apparut évidente aux yeux de tout le monde. Des paroles enflammées, des appels indignés, directs, au monarque furent lancés du haut des tribunes des deux Chambres de la Douma et du Conseil de l’Empire, par les orateurs des partis démocratiques constitutionnels, ainsi que par les représentants de l’aristocratie russe, hier encore soutiens de la monarchie absolue. Rien n’y fit.

Au cours du mois de janvier 1917, on parlait ouvertement dans les cercles, les restaurants, les rues de Pétrograde, d’une révolution de cour imminente, tramée par des officiers de la garde impériale. L’assassinat de Raspoutine, qui devait en être le prologue, contribua à précipiter le cours des événements. Pendant les premiers mois de la révolution, un récit, illustrant le rôle de Protopopoff dans cette période, circula dans les milieux de la capitale.

Il y était raconté que, lors de l’envahissement du Palais Marie, siège du gouvernement, par la foule, on avait trouvé, sur la table du dernier président du Conseil des ministres de l’Empire, le prince Galitzine, un memorandum de Protopopoff exposant le plan d’action conçu par lui pour faire triompher la politique qu’il avait adoptée.

En faisant valoir la désorganisation imminente et générale de la vie économique du pays et l’influence néfaste que ce fait ne manquerait pas d’exercer sur la bonne conduite de la guerre, Protopopoff insis-