Page:Anonyme Considerations sur la revolution russe 1918.djvu/24

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 22 —


III

Influence de l’Allemagne sur le cours de la révolution russe


Et ne restera pas sans vengeance

Une seule offense même oubliée.

Apouhtine.


Au cours de la guerre actuelle, l’Allemagne, à maintes reprises, fit des tentatives pour détacher une des puissances belligérantes de la cause des Alliés. Pareilles tentatives furent faites à l’égard de la France, de l’Angleterre et de la Russie. En ce qui concerne la Russie, la dernière tentative qui fut faite vis-à-vis du gouvernement impérial date de fin 1916 ! Les cercles de la cour, de l’extrême droite (Sturmer, Tcheglovitoff) et du haut clergé (le métropolite Pitireine) prêtèrent une oreille bienveillante aux avances des gouvernements du Centre. Le ministre Protopopoff, qui fut appelé au pouvoir et qui sut gagner la confiance du tsar, entra en pourparlers directs avec les agents de l’Allemagne.

On se rappelle l’émotion profonde que produisit la nouvelle des entretiens qu’eut Protopopoff au cours de son passage à Stockholm avec von Lutzius. Elle se traduisit par l’expulsion du ministre hors de son parti et par le défi qu’il jeta à la Douma.

Pour vaincre la répugnance qu’éprouvait Nicolas II à violer les engagements contractés avec ses alliés, son orgueil de monarque absolu et ses aversions pour la personnalité de Guillaume II, le parti allemand n’hésita pas à spéculer sur ses sentiments d’époux et de père, en faisant intervenir les influences que le fameux Raspoutine exerçait sur l’âme désemparée de l’impératrice, névrosée et mystique. Ce dernier réussit à faire petit à petit le vide autour de l’empereur, en éloignant de son entourage des gens dévoués et honnêtes comme le prince Orloff, des gens de bon conseil comme les ministres Kokovtzev, Sasonoff, Krivocheine, enfin des