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vistes de tout genre et de tout acabit, ainsi que les acolytes de l’ancien régime[1].

Malgré toute la distance qui paraît devoir séparer les exaltés socialistes des policiers de l’ancien régime, ces deux éléments se trouvent réunis par les mêmes sentiments de haine, que leur inspirent les partis libéraux démocratiques (les Cadets) — porte-drapeau des idées de droit, de justice et de liberté individuelle, pour lesquelles tous les deux ont une aversion profonde. Un autre point de vue, celui du bienfait d’un régime collectiviste-étatiste, lequel n’exclut en rien, mais favorise même une réaction monarchique, rallie les deux éléments opposés.

La nouvelle religion du maximalisme, pareille à d’autres religions, a ses dogmes infaillibles, ses prêtres, ses dévots. Prétendant, comme toute foi révélée, gouverner les âmes, fouiller les consciences et exercer une surveillance étroite sur la vie politique et même privée de ses adeptes, elle les courbe sous sa volonté par le moyen d’une discipline rigoureuse et par un système renouvelé de l’Inquisition.

Les policiers tsaristes n’espèrent-ils pas conserver, sous un nouveau régime monarchique-collectiviste (d’un genre allemand), leur rôle d’inquisiteurs, dans lequel ils ont si bien réussi sous l’ancien ?[2]

  1. En outre, la présence dans le Soviet de Pétrograd (et peut-être dans bien d’autres) d’officiers allemands n’est point un secret à l’heure actuelle.
  2. Parmi tous les pays du monde, c’est assurément en Russie, après l’Allemagne, que les idées étatistes avaient le plus grand crédit. L’accaparement par l’État de réseaux puissants de chemins de fer privés, les banques agraires d’État pour le rachat des terres des propriétaires fonciers, les lois ouvrières très avancées (l’assurance obligatoire, la création de caisses d’épargne, d’écoles, d’hôpitaux et églises qui furent imposées à l’industrie) en fournissent l’exemple. Le fonctionnaire y régnait en maître. Le gouvernement russe a toujours été indifférent à l’effort individuel commercial, industriel et scientifique.