Novaya Jisu ne les reproduisirent jamais, et pour cause — les agents provocateurs dénoncés appartenant presque exclusivement à ce parti. Ces tristes personnages se recrutaient dans des milieux sociaux très variés. Il y avait parmi eux des instituteurs, des étudiants, des employés, des ingénieurs, un nombre très considérable de contremaîtres et d’ouvriers et même, dans le nombre, figurait un député de la Douma, Malinovsky, siégeant à l’extrême gauche, ami de Lénine, dont ce dernier s’est porté garant devant son parti, quand les agissements du camarade éveillèrent des soupçons de la part de certains socialistes.
La prédilection dont ont fait preuve les bolcheviks pour les agents provocateurs ne se manifeste-t-elle point à cette heure en plein jour par le fait de la collaboration, acceptée par eux, d’individus comme le général Kourloff, ancien chef adjoint du ministre de l’intérieur, qui fut impliqué dans l’affaire de l’assassinat de Stolypine, son chef, de Gerasimoff et Kommisaroff, chefs du bureau de la haute surveillance politique, du général Bonch-Brouevitch et de tant d’autres fidèles serviteurs de l’ancien régime ?
La mentalité du département de la police, et des admirateurs, intéressés ou désintéressés, du système de gouvernement satrapique qu’ils supposaient être le seul devant s’exercer pour le bien de la Russie, était évidemment réfractaire à toutes les idées libérales des démocraties occidentales. Ils professaient une aversion et un mépris farouche pour celles-ci et une admiration sans borne pour les méthodes de gouvernement des Empires du Centre, qu’ils considéraient, à juste raison, comme gardiens du principe monarchique absolu. Il est hors de doute que des relations suivies existaient entre les agents du département de la police russe et ceux du gouvernement allemand, non seulement avant la guerre, mais au cours même de celle-ci. Le fameux colonel Miasoedoff, lequel, parmi un grand nombre de faits incriminés, fut accusé d’avoir dévoilé aux Allemands les plans de défense de la forteresse de Kovno, ce qui a eu pour conséquence la reddition de cette place forte en quel-