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attentats en Russie, fut dénoncé comme agent provocateur à la solde du gouvernement russe par le non moins célèbre émigré Bourtzeff[1], résidant en ce temps-là à Paris et qui, à l’heure actuelle, doit faire des réflexions amères sur les jeux de la destinée, dans un cachot de la forteresse Pierre et Paul, où il est enfermé par la volonté du gouvernement bolchevik, en compagnie d’autres dénonciateurs gênants pour les maîtres de l’heure !

Peut-on oublier le fait que le chef de l’État français, M. Poincaré, à son arrivée à Pétrograd, quelques jours avant la déclaration de guerre, fut accueilli par une grève d’ouvriers et des manifestations hostiles à l’égard de la France ?

Autre fait significatif : le tout premier geste par lequel se manifesta la révolution actuelle fut la démolition et l’incendie, par des bandes organisées, des prisons de Pétrograde et la mise à sac du département de la police contenant des documents secrets relatifs à la politique intérieure russe, d’une valeur historique inestimable, mais également, des fiches concernant les agents provocateurs employés au service de ce département. Un autodafé grandiose, allumé dans la cour du bâtiment occupé par ce dernier, a fait disparaitre à tout jamais des pièces compromettantes pour bon nombre de révolutionnaires, qui ont assumé des rôles importants dans le mouvement actuel. Mais, grâce au fait qu’une partie de ces pièces put échapper à cette destruction, parce qu’elle était répartie parmi les nombreuses filiales du département en province, le public a pu, incomplètement, il est vrai, en prendre connaissance par la voie de la presse. En effet, au cours des premiers mois de la révolution, de longues listes d’agents provocateurs ne cessèrent de paraître dans les organes russes bourgeois et socialistes.

Toutefois, ceux du parti bolchevik, la Pravda et la

  1. Les révélations de Bourtzeff furent insérées et reproduites par de nombreux organes français et par la presse mondiale.