Page:Anonyme Considerations sur la revolution russe 1918.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 17 —

mise à sa disposition de fonds secrets énormes qu’il dépensait d’après ses convenances et sans contrôle. Ces fonds ne suffisant point aux appétits sans limite de l’administration policière et de tous ses affiliés innombrables, celle-ci recourait aux extorsions directes par l’application de méthodes savamment conçues et qu’elle revêtait, selon les besoins de la cause et du moment, du prétexte souverain d’un intérêt gouvernemental, religieux et social, à sauvegarder. Ces méthodes se résumaient, en somme, dans un travail de russification des éléments allogènes, dans la persécution des juifs et l’ostracisme sus-mentionné dans lequel elle tenait les classes libérales et tout effort intellectuel individuel tendant à l’évolution du pays dans la voie du progrès moderne. Par l’application de cette politique, la police tenait dans les mailles de ses filets, virtuellement, toute la population de l’empire, et, par des tolérances largement accordées, par des dérogations aux règlements, faisait grassement vivre et attachait à sa cause tout un contingent puissant de fonctionnaires de tout grade et de toute importance, d’agents de tout genre, en commençant par les popes et en finissant par les gendarmes, les délateurs et les flics vulgaires.

Quand les abus du département de la police devenaient intolérables et attiraient l’attention de la Douma, de l’opinion publique et de certains ministres patriotes, éclairés et indépendants, l’Okhrana recourait à des moyens extrêmes ne reculant point devant l’organisation de vrais complots et d’attentats authentiques, éliminant à la rigueur, définitivement, des personnalités gênantes, comme Stolypine, fomentant des pogroms antijuifs et provoquant des grèves et des troubles dans la classe ouvrière. L’infiltration de l’élément policier dans les milieux ouvriers date de très longtemps.

Il fut singulièrement renforcé depuis la première révolution qui a succédé à la guerre russo-japonaise. Qui ne se rappelle le nom du célèbre Azef, lequel, tout en ayant été convaincu d’avoir pris part à de nombreux