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propriétaires de suite. Pareil à un cheval auquel on aurait lâché la bride, le peuple russe s’emballa, se rua dans l’espace, en renversant les obstacles et en semant dans sa course folle la panique et la destruction.

Sous l’incitation de la démagogie bolchevik et à l’exemple du gars de Dostoïevsky, le peuple russe défia et brava tout, il profana les tombes de ses frères tombés glorieusement au champ d’honneur, il massacra de vieux généraux et de jeunes sous-officiers imberbes, il insulta les prêtres, les médecins et les sœurs de charité, il rejeta en prison les vieux lutteurs de la cause populaire — les révolutionnaires qui furent libérés aux premiers jours de la révolution —, il piétina enfin son sanctuaire national : la Foi, le Tsar, la Patrie. On a été témoin de choses inimaginables. Les marins mirent à sac le cabinet de travail de l’empereur Alexandre II, libérateur des serfs ; des soldats canonnèrent les vieilles églises de Moscou, vénérées à travers les siècles par le monde orthodoxe.

Enfin, la garde rouge insulta, viola, massacra à coups de fusil, les filles et les veuves de leurs camarades qui avaient formé des bataillons féminins pour donner l’exemple du patriotisme et pour combattre contre l’ennemi[1].

Quand le cheval emballé s’arrêtera-t-il dans sa course folle ?

Quand le peuple russe, redevenu clairvoyant, se détournera-t-il avec aversion du tentateur, devant l’apparition dans les cieux, dégagés de nuages, de la Croix et de la Patrie crucifiée sur la Croix ? Quand viendra ce jour ? That is the question. Mais il viendra assurément

  1. Il est intéressant de rappeler qu’un de ces bataillons prit une part glorieuse dans l’offensive déclenchée par Kerensky en juillet 1917, s’y comporta vaillamment, perdant une bonne part de son effectif, mais ramenant des prisonniers, et qu’après avoir été abandonné, au cours de l’attaque, par ses camarades masculins, il fut, à son retour, insulté et malmené par eux.