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III
INTRODUCTION

Sauf des cas assez rares où ils se montrent personnels et originaux, ces poètes traitent toujours les mêmes sujets : l’amour, le dégoût de la vie, la désespérance, la mort ; mais l’amour est le thème qui de beaucoup revient le plus souvent sous leur plume. L’amour qui à cette époque était encore « un art comme la guerre »[1], est aussi l’occasion de ces concours poétiques entre auteurs forcés de composer un rondeau ou toute autre pièce d’après un premier vers donné. Notre publication offre plusieurs exemples de cet exercice littéraire, dont voici les premiers vers :

Sot œil, raporteur de nouvelles (p. 9),
En la forest de Longue Atente (p. 30)[2],
Le trichement de ma pensée (p. 39),
Des amoureux de l’observance (p. 40),
En la montaigne de Tristesse (p. 73 et 78)[3],
Dedans l’abisme de Douleur (p. 94),
Pour un chief d’œuvre vous fist Dieux (p. 114)
Pour acquerir honneur et pris (p. 123-131),
Fortune veut le rebours de mon veuil (p. 133),
Qu’elle n’y a, je le maintien (p. 150).

Quelques rondeaux de notre recueil sont aussi des réponses à d’autres poésies ; dans ce cas, celui qui répond, reprenant les rimes et le rythme de la pièce de son interlocuteur, ne fait en quelque sorte que des bouts-rimés.

Jamais les dames auxquelles s’adressaient ces vers d’amour plus ou moins platonique ne sont nommées par leurs soupirants, qui semblent se complaire dans le mys-

  1. 1. Voy. G. Paris, Journal des savants, année 1888. p. 732.
  2. 2. Ajoutez une pièce qui se trouve dans le ms. fr. 1719 de la
    Bibl. nat., fol. 98 vo.
  3. 3. Ajoutez une pièce qui se trouve dans le ms. fr 1719 de la
    Bibl. nat., fol. 137.